Jour 19 du calendrier de l’Avent “alimentez votre santé, cultivez votre microbiote”
En tant que thérapeute, la première chose importante que j’ai apprise est que je ne soigne personne. Je suis à l’écoute, je fournis des outils, je donne des conseils adaptés, et mes clients s’en servent pour se soigner, ou pas. Mon rôle est d’écouter, de transmettre mon savoir et d’accompagner ainsi le changement, et il est aussi d’accepter que l’autre ne souhaite pas ou ne peut pas changer, c’est son choix. Et il n’y a pas d’échec. Les outils transmis restent, dans un rapport qui explique les conseils, et peut-être que la personne mettra en place ces outils plus tard ou à son rythme, par petits morceaux, et décidera de s’en servir quand elle sera prête, si ce n’est pas le cas à la sortie du rendez-vous.
Le danger pour tout thérapeute est de se présenter en tant que sauveur. Surtout lorsqu’il est empathe. Mais nous ne pouvons aider que ceux qui choisissent de recevoir notre aide, c’est valable dans toutes les interactions humaines, et ça l’est encore plus dans la relation thérapeute / client. Ceux qui sont prêts à se guérir vont recevoir les soins pour se soigner eux-mêmes. Nous ne sauvons personne.
Tout autre posture nous ferait entrer dans le triangle de Karpman : nous y voilà! Le triangle est est schéma de relation qui peut se mettre en place dans n’importe qu’elle interaction entre des personnes.
Dans le triangle, il y a 3 rôles :
victime, sauveur, bourreau.
Le persécuteur ou bourreau
Le Persécuteur est quelqu’un qui cherche souvent à se venger d’une frustration, d’une blessure, d’un manque qui ne sont pas conscientisables. Cette personne infériorise et dévalorise les autres, les blâme, met à nu leurs défauts, leur fait la morale, ou les incite à se battre entre eux (séparer pour mieux régner). Le plus souvent, le bourreau n’a pas conscience du rôle qu’il joue. Il n’y a pas de volonté de nuire à l’autre, c’est un rôle endossé dans le “jeu” du triangle.
La victime
Une personne jouant ce rôle amplifie ses handicaps personnels et se représente comme plus faible qu’elle ne l’est. Ce rôle est souvent joué par une personne ayant la peur de manquer ou un manque d’estime de soi. Il y a des victimes soumises, et des victimes rebelles. Issâ Padovani dit qu’un enfant en position de victime devient souvent sauveur pour pouvoir exprimer sa puissance intérieure que le rôle de victime bâillonne.
Le sauveur
Une personne jouant ce rôle veut aider les autres sans qu’ils aient rien demandé ou même contre leur gré. Bien souvent le Sauveur n’est même pas compétent pour les aider vraiment. Et s’il l’est, il assure tout le travail à leur place, les rendant dépendants et passifs. Ce rôle est joué par des personnes qui ont un besoin excessif de reconnaissance.
Dans le triangle dramatique, on ne peut pas être seul : il faut être deux ou plus.
On peut entrer dans ce triangle par n’importe quel angle: soit en Victime, soit en Sauveur, soit en Persécuteur. Mais une fois entré, il faut savoir que l’on adoptera tôt ou tard et obligatoirement les autres positions. C’est pourquoi on l’appelle le triangle dramatique. Le modèle du Triangle de Karpman est donc résolument dynamique.
Par exemple le Sauveur devient Victime s’il n’obtient pas la reconnaissance espérée et devient le Persécuteur de la Victime qu’il a voulu sauver contre son gré et qui ne lui en est pas reconnaissante.
SI vous voulez aller plus loin sur ce sujet, je vous conseille cet ouvrage très bien présenté de Christel Petitcollin.
Comment sortir du jeu? comment sortir du piège?
J’ai abordé ce sujet aujourd’hui car j’ai vécu récemment une situation où une personne se comportant en sauveuse a commencé à essayer de devenir mon bourreau – j’avais besoin d’aide, j’ai choisi d’accepter son aide parmi toutes celles proposées, mais je n’ai pas choisi d’être sauvée, j’ai choisi de prendre cette aide pour me sauver moi-même.
En faisant cela, j’ai refusé le rôle de victime, et la sauveuse a commencé à changer de rôle dans le jeu pour essayer de prendre le pouvoir qu’en tant que sauveuse elle n’a pas obtenu. Elle est devenue bourreau. Non de manière violente, mais insidieuse. En essayent de mes séparer d’autres personnes en les décrivant comme toxiques avant même que je puisse moi-même vraiment communiquer avec elle, en se voyant en moi comme miroir et en me jugeant sur ma façon d’être sur tout ce qui pouvait réveiller une blessure non prise en compte en elle, et en me demandant de la reconnaitre comme sauveuse, ce que je n’ai pas voulu.Invariablement, une séquence relationnelle dans le Triangle Dramatique finit mal dans la mesure où aucun des acteurs n’en sort grandi. Même ceux qui s’en sortent avec une position haute, apparemment ou socialement « gagnante », paient leur participation par un lourd tribut psychologique et affectif.
Les relations vécues par le Triangle Dramatique sont intenses. Et il y a toujours un processus d’emprise qui se met en place entre les protagonistes.
J’ai été longtemps victime et sauveuse selon le modèle de ma cellule familiale, et j’ai mis beaucoup de temps à m’en rendre compte et à en sortir. Christel Petitcollin dit “A chaque fois que vous vivez une relation négative, décourageante ou frustrante, il y a fort à parier que vous vous êtes fait entrainer dans un jeu de triangle”.
Le syndrome du sauveur
Pourquoi développe-t-on un syndrome du sauveur quand on est multipotentiel, neuroatypique, HPI ou hypersensible ?
Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine d’un syndrome du sauveur. Parmi eux, on peut citer :
- L’enfance : Si tu as grandi dans un environnement où l’aide et l’assistance étaient encouragées et valorisées tu peux être plus enclin à développer un comportement sauveur.
- Le besoin d’approbation : si tu te sens comme une mangue dans le pommier, tu vas chercher à être accepté et aimé par les autres. Une stratégie est de faire plaisir aux autres pour obtenir leur amour et leur approbation.
- L’empathie : En étant hypersensible, le plus souvent tu es également très empathique. Tu peux être plus enclin à vouloir aider les autres et à ressentir leur douleur, ce qui peut t’amener à te comporter en sauveur.
- Le perfectionnisme : Les personnes perfectionnistes peuvent avoir du mal à accepter l’imperfection chez les autres et peuvent se sentir obligées d’apporter leur aide pour “améliorer” les autres pour se sentir bien.
- Le besoin de contrôle : Les personnes qui ont un fort besoin de contrôle peuvent être plus enclines à se comporter en sauveur pour s’assurer que les choses se passent comme elles le souhaitent.
Des pistes pour sortir du syndrome du sauveur
Le syndrome du sauveur n’est pas un tatouage indélébile. Ce n’est pas une identité. La croyance liée à ce syndrome peut évolue, pour aller vers une priorisation de soi-même.
- Prendre conscience de ses motivations : Prends le temps d’examiner tes motivations pour aider les autres. Est-ce que tu le fais pour te sentir utile ou accepté ? Est-ce que tu portes souvent la responsabilité de régler les problèmes des autres ?
- Apprendre à dire non : Le syndrome du sauveur peut t’amener à te surcharger de travail ou de responsabilité. Apprendre à dire non est une compétence importante pour gérer ton temps et ton énergie. C’est également indispensable pour que laisser aux autres le soin de développer leurs propres ressources dans la résolution de leurs problèmes.
- Apprendre à fixer des limites : Il est important de fixer des limites claires sur la quantité de temps, d’énergie et de ressources que tu es prêt·es à consacrer aux autres. C’est le b-a-ba pour ne plus t’épuiser dans tes relations aux autres.
- Encourager l’autonomie chez les autres : La clé pour sortir du triangle dramatique c’est la RESPONSABILISATION. Au lieu de prendre en charge les problèmes des autres, encourage-les à trouver leurs propres solutions. Si chacun prend la responsabilité de ses émotions, de ses besoins, tout le monde s’en porte mieux. Cela ne signifie pas que l’on ne peut pas demander de l’aide. Cela signifie que la personne doit faire la moitié du chemin pour résoudre son problème.
- Prendre soin de toi : soit à l’écoute de tes besoins et de tes émotions. Car le sauveur peut vite avoir tendance à s’oublier lui-même et à attendre des autres qu’ils répondent à ses propres besoins. Là aussi, prends tes responsabilités. Ta fatigue n’est pas juste un obstacle à ton bien-être. C’est un signal que tu dois ralentir ! En prenant soin de toi, tu seras plus en capacité pour aider les autres de manière saine et équilibrée.
- Travailler avec un coach : Si tu as du mal à gérer le syndrome du sauveur ou si tu as des difficultés à fixer des limites saines, travailler avec un coach (trouver un coach) peut t’aider à améliorer ton bien-être émotionnel.
Astuce n°1 : te poser ces 4 questions avant de donner ton aide
- Est-ce que la personne a demandé de l’aide de manière explicite ?
- Est-ce que la personne fait la moitié du chemin ?
- Est-ce que tu en as les compétences ?
- Est-ce que tu en as envie ?
Si tu réponds NON à l’une des questions, il est probable que le syndrome du sauveur soit activé et il peut être plus judicieux de refuser de donner de l’aide.
Astuce n°2 : Apprendre à dire non avec bienveillance envers toi-même et envers l’autre
Apprendre à dire non est une étape essentielle pour devenir sa priorité et quitter le syndrome du sauveur. Mais c’est également très difficile pour certaines personnes.
SI c’est trop difficile, tu peux : Dire oui, sous condition…
Je suis d’accord pour t’aider, si tu te déplaces pour venir à moi pendant un créneau horaire limité