Effets anti-nutritionnels et effets secondaires des IPP : oméprazole & co.
Les IPP, ou inhibiteurs de la pompe à protons, sont une classe thérapeutique de médicaments à laquelle appartiennent l’esoméprazole, le lansoprazole, l’oméprazole, le pantoprazole et le rabéprazole (actuellement commercialisés en France).
Les IPP sont des promédicaments. Ceux sont des bases faibles qui pénètrent à l’intérieur des cellules pariétales de l’estomac sous cette forme. Ils sont concentrés et convertis en forme active dans l’environnement hautement acide des canalicules intracellulaires des cellules pariétales – pH proche de 2, qui bordent les parois gastriques.
Ils inhibent la pompe à proton (H+/K+ ATPase), effecteur final de la sécrétion d’acide gastrique. Comme l’action s’effectue sur la phase ultime de la sécrétion d’acide gastrique, leur effet se manifeste quel que soit le stimulus de cette sécrétion.
Les problèmes gastriques affectent des millions de personnes chaque année, et les IPP apportent rapidement une sensation de soulagement des symptômes, ce qui motive leur prescription et leur consommation par achat direct, puisque la plus part sont en vente libre en pharmacie (sans ordonnance).
“Pour des brûlures d’estomac, nombreux aujourd’hui sont les médecins qui prescrivent des médicaments de la classe des IPP (inhibiteurs de la pompe à protons). Malheureusement, beaucoup d’entre eux sont délibérément désinformés sur les dangers de ces médicaments, de la part de certains laboratoires pharmaceutiques qui ne cherchent qu’à réaliser des bénéfices.”
La liste des effets secondaires des IPP est longue.
Les effets indésirables des IPP les plus fréquemment rapportés sont les diarrhées, les nausées et vomissements, les douleurs abdominales et les maux de tête. Ils touchent moins de 5% des patients traités par IPP et disparaissent rapidement à l’arrêt du traitement.
Certains effets à moyen terme sont à présent bien connus. Il s’agit de l’effet rebond et de la dépendance induite par les IPP.
L’innocuité des IPP à long terme n’est pas démontrée. A contrario, de plus en plus d’études font état d’effets secondaires à long terme, cependant nous ne disposons toujours pas à ce jour d’étude de niveau I (études contrôlées randomisées). Les faisceaux de preuves les plus sérieux sur les effets secondaires des IPP concernent les infections digestives essentiellement à Clostridium difficile, les infections respiratoires et les fractures osseuses dans des populations données (Bourne,2013).
De multiples essais cliniques contrôlés ont montré un accroissement du risque de fracture chez les personnes âgées sous IPP. Cet effet serait proportionnel à la dose et à la durée. Le mécanisme présumé serait une malabsorption du calcium, l’augmentation du pH induite par les IPP empêchant l’ionisation du calcium à partir de sels de calcium insolubles, inabsorbables.
Les IPP induisent des effets anti-nutrionnels, provoquant des hypomagnésémies, des déficits en vitamine B12 (cyanocobalamine) et en zinc.
Selon une étude récente menée par le Docteur Ziyad Al-Aly, professeur adjoint en médecine à l’Université de médecine de Washington, aux États-Unis (Public Health Sciences dept.), les chercheurs ont examiné les dossiers médicaux de plus de 275 000 utilisateurs d’IPP et ont constaté un risque accru de décès sous IPP. De même, les résultats ont montré que les médicaments IPP peuvent provoquer une carence en vitamine B12 et une augmentation de l’homocystéine (la suppression d’acide interférerait avec l’absorption de la vitamine B12 liée aux protéines) et en magnésium (diminution de l’absorption intestinale de Mg2+) chez près de 65% des personnes qui en prennent régulièrement.
Les IPP sont aussi associés à un risque accru de démence : une étude allemande pharmacoépidémiologique trouve une association entre la consommation d’IPP dans une population de patients âgés et l’augmentation du risque de démence. Ce résultat vient corroborer un précédent travail mené par la même équipe sur l’étude AgeCoDe. Plusieurs mécanismes d’action sont possibles :
– les IPP interagissent avec des enzymes du cerveau – hypothèse étayée par le fait que le lansoprazole et l’oméprazole sont capables de traverser la barrière hémato-encéphalique; une activité modifiée des secrétases induisant une augmentation des taux de protéine β-amyloïde après traitement par IPP a aussi été démontrée.
– en inhibant l’acidité cérébrale, les IPP contribueraient à une moindre dégradation de la protéine β-amyloïde au niveau des lysosomes de la microglie cérébrale.
– une déficience en vitamine B12 liée aux IPP est associée à des dommages cérébraux et une altération de la cognition.
Les IPP sont de plus associés à un risque accru d’AVC, démontré par les résultats d’une large étude de cohorte rétrospective danoise présentés lors de l’AHA 2016 avec une relation dose-effet des IPP.
« Les gens pensent que les IPP sont très sûrs parce qu’ils sont facilement accessibles, mais il existe des risques réels à prendre ces médicaments, en particulier pendant de longues périodes. Si j’ai absolument besoin d’un IPP, je le prendrais. Mais je ne le prendrais pas si je n’en ai pas vraiment besoin. », Explique le professeur Al-Aly.
Surtout qu’une étude sur un traitement en nutrithérapie avec un régime alimentaire équilibré et adapté a montré autant d’efficacité dans la prise en charge des reflux gastro-oesophagien que les IPP (Zalvan, 2017).
Liste des effets secondaires des IPP :
- Anémie ;
- Anxiété ;
- Dépression ;
- Perte rapide de calcium du corps, ce qui peut créer une affection connue sous le nom d’ostéoporose ou de syndrome de l’os fragile, où une personne est facilement sujette à des fractures ;
- Pneumonie ;
- Maladie rénale chronique ;
- Dommages au système nerveux central ;
- La déplétion des globules rouges ;
- Problèmes respiratoires ;
- Douleurs musculaires ;
- Démence et autres problèmes neurologiques.
- Possibilité de décès prématuré
Avant de vous tourner vers les médicaments, essayez les solutions naturels comme les protocoles de nutrithérapie très efficaces qui peuvent venir à bout de vos brûlures d’estomac grâce aux aliments et à leur chronobiologie alimentaire.
Je conclurai sur une citation de Georges Peter (1920-2006), Pr de pharmacologie à la faculté de biologie et de médecine de Lausanne : «Si un médicament n’a pas d’effet secondaire, c’est qu’il n’a pas d’effet primaire. Il est illusoire de croire qu’un médicament efficace n’a pas d’effets secondaires».
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Caroline Holef
Praticienne de santé en nutrithérapie et aromathérapie prendre rendez-vous
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